JACQUES CHIBOIS

L'ALBUM DU CHEF JACQUES CHIBOIS

Comment se passe votre enfance ?
D’abord à la campagne, mes parents étaient meuniers agriculteurs, puis à Limoges où ils ont déménagé, car mon père, pour des raisons de santé, a dû cesser la meunerie. Il prendra alors une place de chauffeur-livreur, ma mère rentrera comme ouvrière dans une usine de porcelaine. Mais aucun d’eux ne se plaît dans sa nouvelle vie, ils cherchent donc autre chose et se décident à acheter un petit café pour y servir des repas pour les ouvriers. Pourquoi ? Parce qu’il y avait une table d’hôtes au moulin, et que ma mère, périgourdine, était une excellente cuisinière.

Comment vivez-vous ce passage de la campagne à la ville ?
Ce fut un choc pour moi, car ce n’était plus la même ambiance, il n’y avait plus la convivialité des grands repas, cette joie qui se dégageait en cuisine avec ma mère. À Limoges nous restions à la maison, il n’y avait pas de télévision. Ce n’était plus pareil.

À quel moment la cuisine intervient-elle dans votre vie ?
Quand mes parents ont ouvert leur café à Limoges, ma mère m’a impliqué, mais pas en cuisine, pour aller faire les courses. J’avais pour mission d’aller chez le boucher, l’épicier, au petit marché, avec la consigne de bien respecter les quantités commandées et de ne pas dépenser plus que prévu. J’avais 8 ou 10 ans, ça amusait les commerçants. La cuisine est venue plus tard, car mes parents ont décidé, comme pour mon cousin, que je devais étudier dans un lycée agricole. J’ai donc obtenu un BTS agricole, mais ce n’était pas mon truc. J’adorais la campagne, être avec les paysans, mais je ne supportais pas ce rapport à la terre, ce travail pour lequel tu n’es pas récompensé. Simplement parce que la sécheresse, le froid ou l’orage peuvent ruiner toute une année de labeur. Je ne me voyais pas dans ce modèle.