Le succès des vins rosés ne se dément pas au fil des ans. Alors que nous n’étions qu’une minorité à en consommer il y a vingt ou trente ans, cette catégorie est aujourd’hui la deuxième la plus consommée en France puisque 88 % des Français reconnaissent en boire – d’après le dernier baromètre Sowine/Dynata. Une boisson qui s’apprécie majoritairement entre amis, que ce soit à l’apéritif ou en soirée.
Comment expliquer ce succès, surtout auprès des Millenials ? Facile à boire, léger, au goût fruité, le rosé ne demande pas d’expérience gustative particulière pour en apprécier l’aromatique. D’où certaines dérives comme le « rosé piscine », noyé sous les glaçons, ou les mélanges plus qu’hasardeux avec des jus d’agrumes. Et pour ceux qui ne le savent pas encore, le rosé n’est pas le résultat d’un assemblage de vins blanc et rouge. Cette méthode n’est autorisée, en France, que pour le champagne. Élaborer un bon rosé est, au contraire, souvent plus technique que pour un blanc, surtout lorsqu’il s’agit d’en maîtriser les couleurs pour en préserver la pâleur.
Alors oui, la France reste le premier producteur mondial de rosés avec plus ou moins de succès, mais l’Hexagone est aussi le premier importateur. Si les vins de Provence tirent le marché, quasiment toutes les régions se sont jetées sur cette manne. Amateur de vins à la sucrosité marquée, on se tournera vers les cabernets d’Anjou. Pour des cuvées plus minérales ou fruitées, le choix est particulièrement vaste et les prix variés. Mais on peut se faire plaisir aussi bien avec un rosé de pinot noir d’Alsace qu’un clairet bordelais, héritage des échanges entre Angleterre et Aquitaine, un vin du Rhône ou du Languedoc. On trouve d’excellentes cuvées un peu partout, à condition d’être curieux.
Quant à la croyance établie qu’un rosé doit se déguster dans l’année, c’est une hérésie ; du moins pour certaines appellations. Ceux qui auront la patience de laisser en cave quelques années un bandol, un côtes-de-provence ou même un rosé-des-riceys pourront découvrir une aromatique bien plus complexe, prête à accompagner des mets plus élaborés qu’une pizza ou des tapas. Alors, prenons le temps d’apprécier les rosés, aussi bien sur leur jeunesse que dans leur maturité. L’art de la patience s’apprend.
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