Le grand retour des clairets par Louise Delamare

Sa couleur hésite en général entre le jus de framboise et celle d’un pinot noir léger. Longtemps considéré comme un rosé intense, le clairet est en fait un rouge léger, héri tier d’une longue histoire. Déjà au Moyen Âge, on retrouve des traces de ce vin dont le nom est issu d’un côté du terme gascon « vin clair » et de l’autre du latin vinum cla rum. Enthousiasmés par cette boisson, les Anglais, qui possèdent alors l’Aquitaine par le mariage de la duchesse Aliénor d’Aquitaine avec le futur roi Henri Pantegenet, le transforment en « claret » qui devient « clairet » dans le Bordelais. Un terme qui s’appliquait alors à la plupart des vins jeunes produits dans la région. Pendant les trois siècles d’occupation du Sud-Ouest, qui se terminera avec la fin de la guerre de Cent Ans, le clairet représente la quasi-tota lité de la production de Bordeaux. Nos meilleurs enne mis britanniques aiment son caractère fruité et son faible taux d’alcool. Un engouement qui les poussera à importer 102 724 tonneaux en 1303. Un chiffre qui ne sera ensuite plus atteint avant les années 1950.

Alors que les vins rouges nécessitent une longue macération et un pressurage, les clairets ne demandent qu’une courte macération. En plus, il était alors possible de mélanger raisins blancs et noirs avant une fermentation en fûts. Au fil des ans, la production de clairet diminue au profit des rouges et de blancs. Il faudra attendre quelques siècles avant que le clairet ne soit remis au goût du jour grâce à l’œnologue bordelais Émile Peynaud et au président de la Cave de Quinsac, Roger Amiel. Si le clairet moderne, qui bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée depuis lors, s’inspire des méthodes ancestrales de vinification, il est désormais uniquement réalisé à partir des cépages des bordeaux rouges (cabernet sauvignon, merlot et cabernet franc). Parfois considéré comme un rosé intense, et donc loin des impératifs de vins pâles imposés par la Provence, le clairet revient pourtant sur le devant de la scène même si sa production ne représente qu’une infime partie des vins de Bordeaux. Fruité, frais et croquant, le clairet se présente aujourd’hui plutôt comme un rouge léger, idéal pour l’apéritif que pour accompagner les mets estivaux ou les premiers plats automnaux.

 

DESPAGNE-AUDEBERT - HERITAGE VINUM CLARUM 2023

S'abonner à un magazine de référence

 

 

Thuriès Magazine
Abonnez-vous !

Recevez chez vous vos 9 magazines par an et bénéficiez d'un accès exclusif à votre espace abonnés incluant :

-Des milliers de recettes de plus de 350 chefs avec leurs procédés détaillés (avec moteur de recherche multi-critère)

-Vos magazines en version numérique (PDF & Visionneuse) pour nous suivre sur tablettes et smartphones

-La galerie photo de nos reportages

 

Je m'Abonne !