Le billet d'humeur d'Yves Thuriès - novembre 2016, Thuriès Gastronomie Magazine n°284
Peu d’entre nous seront passés à côté de l’accouplement sulfureux de Bayer, le géant allemand de l’industrie chimique et pharmaceutique avec Monsanto, le très controversé mastodonte de l’agrochimie et symbole à lui seul des dérives de tout un système. Autant dire que cette fusion risque de donner naissance à une charmante entité aux valeurs plutôt discutables…
Petit récapitulatif du CV de chacun, curriculum pouvant s’apparenter à s’y méprendre, à un casier judiciaire.
Commençons par Bayer, longtemps nommée IG Farben qui possède à son actif de nombreux faits d’armes aussi séduisants les uns que les autres… Trafic d’êtres humains et expérimentations sur cobayes humains pendant la Deuxième guerre mondiale. Création du gaz moutarde utilisé massivement pour la première fois lors de la Première guerre mondiale. Participation au financement
du parti nazi dans les années 30. Synthétisation de l’héroïne en 1898, initialement conçue comme un puissant analgésique. Et un peu plus récemment, création du tabun, un puissant gaz neurotoxique comparable à son plus illustre cousin : le gaz sarin.
De son côté, le géant américain de l’agro-industrie n’a pas à rougir face au CV alléchant de son nouveau propriétaire. En effet, ce dernier bien connu pour être le pionnier en matière d’OGM et le leader mondial des pesticides et produits assimilés est également le fier inventeur de « l’agent orange », herbicide largement utilisé lors de la guerre du Vietnam qui s’avéra, curieusement, être extrêmement nocif pour l’homme provoquant cancers, cécité, malformations et autres divers handicaps.
Heureusement, le géant allemand n’est pas qu’un mauvais bougre et participa massivement à l’élaboration et la mise sur le marché de l’aspirine. Médicament qui nous fut bien utile suite à la gueule de bois phénoménale et annoncée au lendemain des festivités orgiaques de ce mariage à l’allure incestueuse.
Avec cette absorption de Monsanto, Bayer deviendra le saint sauveur et rédempteur ayant droit de vie et de mort sur la crédule plèbe que nous sommes. En effet, l’activité principale de Bayer est censée être de nous « soigner » et faire avancer la recherche pharmaceutique. Désormais, il s’octroie la chance de nous rendre malade, quelle aubaine d’être le problème et la solution à la fois !
À l’ère où l’agrochimie envahit toujours plus nos assiettes, consommateurs et professionnels des métiers de bouche ne peuvent qu’être craintifs vis-à-vis de ce rapprochement qui risque d’accélérer encore plus la détérioration des produits agricoles et de nos matières premières avec toutes les conséquences néfastes que cela induit.
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