LE BON GOÛT DU PRINTEMPS

ENFIN, pouvons-nous dire !! Enfin, les masques ont disparu et les sourires sont revenus. Nous pou- vons désormais, en plus d’un regard expressif, contempler en entier le visage de nos interlocuteurs. L’épidémie est toujours là mais l’endémie semble toute proche. Nous allons devoir vivre avec, au moins un certain temps, mais – et c’est cela qu’il faut retenir – avec plus de légèreté et non masqués !

Bien sûr, tout cela ne se balaie pas d’un revers de manche, et nous sommes face à une envolée des prix, d’autant plus palpable depuis le début de la guerre en Ukraine. Tout augmente. Certes. Mais n’est-il pas venu le moment de consommer différemment ? Voilà des années que se concrétise le durable, le responsable, que les chefs nous parlent d’anti-gaspi, et que le guide Michelin distribue des étoiles vertes. Ne pourrait-on pas dès maintenant agir pour la planète et pour notre portefeuille ?

Mangeons mieux mais mangeons moins. Cette doctrine nous est souvent rappelée. Pensons surtout à manger malin, et plus proche. Il existe dans bon nombre de régions de nombreuses solutions pour se procurer fruits et légumes de saison, mais aussi fromage, viande, œufs et céréales. Le premier confinement a permis à beaucoup de découvrir leur voisinage agricole, mais où sont donc passées ces bonnes intentions ? Chacun est trop vite revenu pousser son caddie dans les allées de supermarchés où la notion de « local » est parfois toute relative. Alors que bien souvent, grâce aux 10 700 marchés de France, des produits de meilleure qualité et souvent moins chers sont à notre portée. Économie de carburant à la clé.

Votre magazine d’avril nous prouve d’ailleurs que nos grands chefs sont capables de grands plats à base d’aliments simples. Frédéric Anton, chef du Jules Verne, le restaurant gastronomique de la tour Eiffel, glisse de la betterave dans sa raviole de langoustine. Germain Decreton, son pâtissier, sait d’une simple pomme créer un dessert simple, graphique et extrêmement contemporain.

Camille Delcroix, ex-vainqueur de « Top Chef » a ouvert dans le Pas-de-Calais une table dans laquelle il fait vivre les produits de sa région. Son œuf, cresson et raifort est le parfait exemple d’in- grédients simples et bon marché que l’on peut élever au rang d’assiette gastronomique.

Georgiana Viou est la cheffe de Rouge à Nîmes. Elle glisse au cœur d’assiettes singulières et authen- tiques quelques touches de son Bénin natal tout en cuisinant des produits de son terroir.

Enfin, last but not least, un album du chef atypique avec Jean Bardet, pionner du local et cuisinier jardinier de la première heure. Il est revenu sur un parcours hors normes et sur ses amitiés multiples avec les stars de l’époque.

 L’Album du pâtissier est quant à lui consacré à Nicolas Berger, ex-chef pâtis- sier d’Alain Ducasse qui vole désormais de ses propres ailes. Il nous a reçus dans sa torréfaction de chocolat, à Choisy-le-Roi, pour nous raconter un par- cours guidé par la passion d’un métier que son père exerçait déjà.

Que chacun puisse agir à sa mesure pour allier bien être et planète.

Anne LUZIN